Le quatrième mur

Mon avis :

 

Le Goncourt des Lycéens, c'est pour moi un gage de qualité (souvent plus que le Goncourt "classique").

Une fois de plus, les lycéens ne s'y sont pas trompés pour le cru 2013. Le Quatrième Mur, c'est l'histoire d'une utopie, d'un rêve un peu fou né dans la tête de Sam, un jeune militant gauchiste dans une France post 68.

Son idée ? Monter une pièce de théâtre, l'Antigone de Jean Anouilh, à Beyrouth, au milieu des bombes, afin de voler à la guerre quelques heures de trêve.

Pour cela, il souhaite que les comédiens soient de toute obédience pour montrer que malgré les différences, on peut bâtir un projet.

Alors que la maladie le terrasse, il charge son ami Georges de réaliser ce rêve. Le voilà donc parti au Liban, en 1982, laissant derrière lui femme et enfant, à la conquête de ce rêve.

Ce qu'il va découvrir là-bas, c'est la guerre, celle dont entend parler de loin mais qui va bien au-delà de ce que l'on peut imaginer.

Ce livre est un véritable coup de poignard dont on ne sort pas indemne. Le massacre de Sabra et Chatila, c'était pour moi de vagues souvenirs vus en cours d'histoire...Sous la plume de Charlandon (ex reporter de guerre), cela en devient une lecture presque insoutenable, tout simplement parce que l'on sait que ce n'est pas un roman mais une histoire vraie.

Un livre que j'ai trouvé difficile à tous points de vue, aussi bien sur le fond que sur la forme, que j'ai failli abandonner à plusieurs reprises, mais qui au final m'a vraiment retourné.



Tripoli, nord du Liban.

Jeudi 27 octobre 1983.

Je suis tombé. Je me suis relevé. Je suis entré dans le garage, titubant entre les gravats. Les flammes, la fumée, la poussière, je recrachais le plâtre qui me brûlait la gorge. J'ai fermé les yeux, les mains sur les oreilles. J'ai heurté un muret, glissé sur des câbles. La moitié du plafond avait été arrachée par l'explosion. Le ciment en feu frappait tout autour avec un bruit de claques. Derrière une carcasse de voiture, un trou. Une crevasse de guerre, un bitume ouvert en pétales jusqu'à son coeur de sable. Je me suis jeté dans les éclats comme on trébuche, corps chiffon, le ventre en décombres. Je tremblais. Jamais je n'avais tremblé comme ça. Ma jambe droite voulait s'enfuir, me quitter, une sauterelle apeurée dans les herbes d'été. Je l'ai plaquée à deux mains sur le sol. Elle saignait, ma jambe folle. Je n'avais rien senti. Je croyais que la blessure et le blessé ne faisaient qu'un. Qu'au moment de l'impact, la douleur hurlait son message. Mais c'est le sang qui m'a annoncé la mauvaise nouvelle. Ni le choc ni le mal, seulement mon jus poisseux. Mon pantalon était déchiré. Il fumait. Ma jambe élançait comme une rage de dent. Ma chemise était collée de sueur. J'avais pris mon sac, mais laissé ma veste dans la voiture de Marwan, mes papiers, mon argent, tout ce qui me restait. Je ne pensais pas qu'un char d'assaut pouvait ouvrir le feu sur un taxi.

-Sors de là, Georges!

Merci à mon collègue S.C pour ce conseil de lecture !!

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A
Il m'emballe.
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K
Merci pour cet article, je ne sais pas si je suis prête à lire ce livre, je risque moi non plus de ne pas en sortir indemne....
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